DES SOLEILS SUSPENDUS Tinsel, support plexiglas, triptyque, 70 x 100 chaque. 2024 «Il semble qu’il existe dans le cerveau une zone tout à fait spécifique qu’on pourrait appeler la mémoire poétique et qui enregistre ce qui nous a charmés, ce qui nous a émus, ce qui donne à notre vie sa beauté.» Milan Kundera Des Soleils Suspendus» prolongent ma recherche autour du paysage via la «mémoire poétique». Il s’agit pour moi ici comme souvent de créer un «endroit» qui se trouve au croisement d’un quelque part et d’un moment, dont je m’emploie à formuler la qualité et l’intensité de manière plastique. Ces endroits se situent ainsi non plus dans un temps comptable mais dans l’espace d’un temps compté et raconté. La forme générale provient des parasols à franges que l’on retrouve notamment sur les terrasses balnéaires. Un objet qui me flotte en mémoire et que croiser fait sourire. Se retrouve dans les pièces l’esthétique colorée, sucrée et presque kitsch de nombre de plages touristiques. Dans la composition de cet «endroit» décliné en trois moments, l’objet parasol se fait bas-relief dont le motif de vaguelettes vient contenir et diffuser dans son ensemble l’effet d’une atmosphère, et dans ses détails la fugacité d’une brise, d’un moment de la journée, de la nitescence d’un océan au travers de ces lambeaux soyeux, irisés et scintillants. En filigrane, ces pièces racontent également le rapport complexe qu’entretient l’humain à la nature, la balnéarisation des côtes et plages en est un exemple. Le matériau employé, issu de l’industrie pétrochimique, à la destination éphémère, est amené à disparaître du commerce tout en étant quasi éternel. Il est parmi d’autres un résidu des années 90’ et de l’insouciance en matière d’écologie de cette prériode. Ces pièces font ainsi appel à une forme de nostalgie d’une part, celle de moments estivaux, rêvés ou vécus, flottant en mémoire, de mélancolie de l’autre, convoquée par l’emploi de ce matériau artificiel dans la production de ces paysages synthétiques.